Everything is relative in Curitiba / Tout est relatif à Curitiba

English below.

 

A l´heure où je commence mon post sur Curitiba, onzième ville de la Copa 2014 que je visite, je pèse mes mots. Je viens en effet de lire l´article d´un membre de l´Académie de journalisme du journal Le Monde. Il y dresse un portrait d´une Curitiba dépassée, aux transports en commun saturés, et perdant sa réputation de ville innovante et en pointe dans de nombreux domaines, statut acquis lors des années 80/90. Si je suis d´accord avec certaines de ses observations, je ne partage globalement pas son avis. "Tout est relatif" (Albert Einstein) et je trouve que Curitiba a encore de bonnes longueurs d´avance sur la majorité des villes brésiliennes qui vont accueillir la Coupe du Monde FIFA 2014, notamment dans le domaine des transports publics et la gestion des déchets. J´ai déjà visité dix des douze villes hôtes du Mondial au moment où j´écris ces lignes, et toutes en transports en commun. Voici mon point de vue.

Les transports en commun de Curitiba me semblent en effet largement meilleurs que la plupart des réseaux existant dans les autres villes que j´ai visitées, et pas des moindres : Rio de Janeiro, Belo Horizonte, Brasilia la capitale fédérale, Salvador, Recife, Natal, Fortaleza, Manaus, Cuiaba et Porto Alegre. Je pense avoir un bon aperçu du sujet.

 

La première chose qui m´a frappée à Curitiba, c´est la présence de carte de la ville et des lignes de bus dans la quasi-totalité des abris-bus. Cela peut vous paraître anecdotique, mais croyez-moi : c´est exceptionnel au Brésil ! C´est tout de même extraordinaire que cela n´existe qu´à Curitiba, ou dans les stations de métro de Rio. En plus de la carte, vous trouverez à bord du bus, la description de la ligne avec la destination et, pour les lignes les plus importantes, les arrêts. Une nouvelle fois cela n´est pas grand chose, mais au vu du nombre de fois où j´ai pesté contre le système de transports brésiliens, où même les chauffeurs ne connaissent pas d´autres lignes que la leur, c´est pour moi un net avantage pour Curitiba.

 

J´ajoute à cela que partout au Brésil il vous faut payer un ticket par bus emprunté. A Curitiba, l´ensemble des lignes principales qui relient le centre à la banlieue sont connectées aux lignes secondaires par l´intermédiaire de terminaux conçus pour vous permettre de passer d´un bus à un autre avec le même ticket. Pour être tout à fait honnête cela m´est arrivé une fois à Recife également. En presque 4 mois et dans dix villes, c´est tout de même peu. Je crois que c´est un autre argument à mettre au crédit de Curitiba concernant son système de transport, et tant pis pour les files d´attentes aux heures de pointe, qui existent dans toutes les autres villes du Brésil ! C´est certes ennuyeux, mais moins limitant à mon sens que l´absence de plans, surtout à la veille d´une manifestation d´ampleur comme la Coupe du Monde. Qui sait, il pourrait prendre aux touristes l´envie de visiter autre chose que le stade ?

En ce qui concerne la gestion des déchets, j´imagine que la saturation de la déchèterie de Curitiba qu'évoque l´article du Monde n´est pas une invention. Ce problème d´enfouissement est mondial et je ne le remets pas en question. Je n´ai pour ma part pas visité la décharge de la ville, mais je me suis intéressé à un programme public datant de 1991. Rien de neuf ici, loin s´en faut, mais ce programme est à mon sens une réussite extraordinaire, qui mériterait d´être développé à l´échelle du pays.

 

Ce programme, nommé Câmbio Verde (le changement vert), se décline en de multiples formats et a pour objectif principal d´inciter la population au tri des déchets. Le système permet à toute personne le désirant d´échanger 4 kilos de déchets non-recyclables (ou 1 kilo d´huile de cuisine usagée) contre 1 kilo de nourriture. Particulièrement plébiscité par les couches de population les plus pauvres, il permet de diminuer le rejet de déchets dans les favelas, où les services de la ville montrent leurs limites et ne peuvent accéder en camion, tout en apportant un renforcement alimentaire en fruits et légumes frais à des personnes en situation précaire.

 

La collecte a lieu tous les quinze jours dans de nombreux points de la ville. Dans le quartier de Villa Leão, dans la zone sud de Curitiba, j´ai été surpris de voir le nombre de personnes impliquées et surtout le volume de déchets collectés. De la vieille télévision aux morceaux inidentifiables de métal. La préfecture annonce des chiffres impressionnants, avec 7 500 personnes inpliquées et 2 800 tonnes de déchets collectés par mois à l´échelle de la ville. A Villa Leão, tous attendaient les camions du Câmbio Verde avec le sourire, heureux de participer au nettoyage de leur communauté et de recevoir en échange une nourriture coûteuse à leurs yeux. C´est un programme qui aurait dû être copié ailleurs depuis longtemps. A méditer.

 

 

Bien sûr, les plus sceptiques pourraient évoquer les bouchons gigantesques qui ralentissent la ville malgré mes louanges adressées au système de transports en commun, et le fait que les acteurs du Câmbio Verde jouent (presque) gratuitement le rôle des éboueurs de la ville. Tout ceci est vrai, et le nombre de sans domicile qui arpente le centre-ville tend également à prouver que Curitiba ne peut actuellement absorber tous les brésiliens qu´elle attire, avec certaines conséquences facheuses en terme de sécurité publique.

 

Néanmoins, le système de transports de Curitiba, qui compte désormais des bus hybrides, et ses programmes de gestion de déchets font de la ville, aux yeux du voyageur que je suis, une des meilleures dans ces domaines. Gageons que les limites auxquelles Curitiba fait face aujourd´hui seront, dans le futur, dépassées par l´élève modèle.

As I am starting my post on Curitiba, the eleventh city of the 2014 Copa that I am visiting, I pick my words carefully. I have just finished reading the article of a member of the Academy of Journalism, from the paper Le Monde. He makes a portrait of an obsolete Curitiba with its saturated public transportation, losing its reputation of innovating and high-tech city in many fields – a status it gained during the ‘80s-‘90s. If I agree on some of what he observes, I generally do not share his opinion. “Everything is relative” (Albert Einstein). I find that Curitiba is still ahead on most of the Brazilian cities which will host the World Cup, namely as regards public transportation and the handling of garbage. I have already visited ten out of the twelve host cities of the World Cup as I am writing these lines, and all of them thanks to public transportation. Here is my point of view.

 

Public transportation in Curitiba seems to me much better that most of the existing networks of other cities that I have visited, and these were not small: Rio de Janeiro, Belo Horizonte, Brasilia – the federal capital, – Salvador, Recife, Natal, Fortaleza, Manaus, Cuiaba and Porto Alegre. I think I have quite a good overview on the issue.

 

The first thing that struck me in Curitiba was the presence of the city map and of the bus lines in almost all the bus shelters. This may seem a detail for you but believe me, it is exceptional for Brazil! It is incredible that this only exists in Curitiba, or in the subway stations of Rio. In addition to the map, you will find on board buses the description of the lines with the destinations, and even, for the most important lines, the names of the stops. Once more, this is not much, but when I look back on all the times I was angry at the Brazilian transportation system, when even the bus drivers only knew their lines, this is to me a clear advantage for Curitiba.

 

I will also add that anywhere in Brazil you have to pay one ticket for each bus you take. In Curitiba, all the main lines that link the city centre to the suburbs are connected to secondary lines through terminals that enable you to go from one bus to another with the same ticket. To be honest, it only happened once before in Recife. In almost four months and in ten cities, it is not much. I think it is another argument in favour of Curitiba as concerns its transportation system, never mind the endless waiting lines at rush hours that exist in all other Brazilian cities. It is indeed painful but less limiting than the absence of maps, especially at the wake of such an event as the World Cup. Who knows, the tourist may want to visit something else than the stadium?

 

Concerning the handling of garbage, I assume the article from Le Monde about the saturation of the dumping ground of Curitiba is truthful. The issue of garbage burying is global and I am not putting it into question. I have not visited the city dumping ground, but I have been interested in a public program dating back to 1991. There is nothing new but I think this program is an incredible success that deserves to be developed at a national level.

 

This program, called Câmbio Verde (green change), has many facets and its main aim is to encourage people to separate waste. The system enables anyone to exchange 4 kilos of non-recyclable waste (or 1 kilo of used kitchen oil) for 1 kilo of food. It is particularly popular among lowest classes, it enables people to reduce the dumping of garbage in the favelas, where city services are limited and where they cannot access with trucks. It also reinforces the supply of fresh fruit and vegetables to people in precarious situations.

 

The collect takes place every other week in many spots of the city. In the district of Villa Leão, in the Southern zone of Curitiba, I was surprised to see how many people were involved and especially the amount of waste collected, from the old televisions to unidentifiable pieces of metal. The Prefecture announced impressive figures: 7500 people involved and 2800 tons of garbage collected every month at the level of the city. In Villa Leão, everybody was expecting the trucks of Câmbio Verde with a smile, happy to take part in the cleaning of their community and to receive some expensive food as a counterpart. This program should have been reproduced elsewhere long ago. To be meditated.

 

Of course the most sceptical could mention the gigantic traffic jams which slow down the city, despite all the good I said of the transportation system, and despite the actors of Câmbio Verde working (almost) for free as garbage collectors. All this is true, and the amount of homeless people walking around the city centre also tends to prove that Curitiba cannot absorb all the Brazilians that she attracts, bringing about some unfortunate consequences in public security.

 

Nonetheless, the public transportation system of Curitiba, now made of hybrid buses, and its programs of garbage collecting, make it one of the best cities in this field to the traveller that I am. Let us bet that the limits Curitiba is faced with will soon be overcome by the model student.